Homo Faber - de Max Frisch
Résumé :
De Zurich à New-York, de la place de la Concorde à Caracas, de Mexico à Florence, Walter Faber - ingénieur au service de l’UNESCO - se balade en avion, en jeep, en bateau. Trois femmes, trois rencontres, autant que de visages différents qu'il leur montre…
Chronique :
Pas facile, facile... Et pas super passionnant il faut bien l'avouer !
Walter Faber est exécrable et il n'a pas de bol dans la vie^^
C'est un livre à clefs. Si on lit pour son plaisir, je ne conseillerai pas Homo Faber.
Ce roman montre les erreurs de Walter Faber et comment à s'enfermer dans un rôle on manque une bonne partie de sa vie.
Faber est ingénieur. C'est un homme moderne, rationnel, technicien. Il n'y a que la logique qu'il comprenne et la technique le rassure. Il fuit ce qui est incontrôlable : la nature et les gens. Il ne croit pas au hasard, ni au destin.
Dans sa jeunesse, il a aimé une femme Hanna qui était enceinte de lui mais a décidé d'avorter et de le quitter parce qu'il préférait saisir une opportunité de travail à Bagdad.
Au début du roman, Faber rencontre un allemand, Herbet, dans un avion en direction de l'Amérique centrale. Cet allemand n'est autre que le frère de son meilleur ami Joachim. À ce moment-là, Faber renoue avec son passé : il apprend que Joachim a épousé Hanna après son départ et qu'ils ont eu un enfant.
C'est la descente aux enfers pour Faber, tout son monde de logique et de rationalité s'écroule autour de lui lorsqu'il rencontre Sabeth, la fille d'Hanna et, en fait, sa fille a lui. Aveuglé par sa soi-disant rationalité, il refuse de voir que Sabeth peut être sa fille. Ils ont une aventure. L'inceste se termine lorsqu'ils vont retrouver Hanna en Grèce : Sabeth se fait mordre par un serpent venimeux et en perdant connaissance se fracture la tête.
Faber se pose alors la question de sa culpabilité. Dans ses relations avec les trois femmes de sa vie : Hanna, Ivy une américaine et Sabeth. Qu'a-t-il mal fait ? Pourquoi ça n'a pas marché ? Sur l'inceste : il ne savait pas qu'il avait une fille. Sur la mort de sa fille...
Sans cesse il cherche à reporter la faute sur les autres, à trouver une logique imparable pour se disculper. Mais s'il est vrai que tout n'est pas de sa faute, il refuse longtemps de concevoir sa part de responsabilité.
Walter Faber est atroce sous bien des aspects : il est égoïste, et son côté technicien rationnel lui fait considérer les problèmes pratiques plutôt qu'éthiques (notamment sur l'avortement qui serait la sélection naturelle des temps modernes). À côté de cela, j'ai trouvé que Faber faisait aussi pitié : il est coupé de la réalité, il n'est pas heureux, et on ne peut que déplorer tous les hasards malheureux qui lui arrivent !
Les autres personnages font tous preuve de beaucoup d’égoïsme également - notamment les femmes. Hanna aurait pu épouser Faber, avoir leur enfant et le suivre à Bagdad. Ivy est déjà mariée, on ne sait pas pourquoi elle s'accroche à Faber... Sabeth ne reste avec Faber que parce qu'il l'amuse, elle n'est pas plus amoureuse que ça.
C'est un point que j'ai remarqué dans Stiller également : une incapacité des personnages à se comprendre, à communiquer et donc à trouver le bonheur, en particulier dans les relations hommes-femmes, donc de couple.
Lu en V.O., j'ai eu beaucoup de mal. Le récit est très décousu. Faber écrit en deux temps : une fois après la mort de Sabeth alors qu'il retourne travailler à Caracas, et enfin sur son lit d'hôpital à Athènes. Chaque fois il fait des allers-retours entre ce qu'il raconte, ses impressions et des retours en arrière plus importants... et je me suis mélangé les pinceaux ! J'ai dû le relire en français pour tout fixer^^
Homo Faber est une œuvre majeure de Max Frisch. Il s'interroge ici sur l'identité, et sur le rôle que la société nous impose, ou que l'on s'impose à soi-même : le rôle de technicien que joue Faber est dans l'air du temps, et pourtant il ne montre pas la réalité et ne mène pas au bonheur.
Frisch joue aussi sur les relations hommes-femmes, l'incompréhension entre eux. Mais il ne donne pas beaucoup de solutions !
Lu pour les challenges :
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