La couleur des sentiments (The Help) - Kathryn Stockett
J'ai voulu le voir au cinéma.
J'ai voulu l'acheter à ma mère. (pour le lui piquer !)
Alors lorsque j'ai vu que le Book Club de Livr'addict organisait sa LC d'août dessus, j'ai sauté sur l'occasion !
Synopsis :
À Jackson, Mississipi, en 1962, les lois raciales font autorité.
On confie les enfants aux aides de maison noires, mais pas l'argenterie !
En 40 ans, Aibileen a appris à tenir sa langue. Ce n'est pas le cas de Minny, sa meilleure amie, qui vient de perdre à nouveau son emploi. Eugénia "Skeeter" Phelan revient chez ses parents après ses études ; elle s'acharne à comprendre pourquoi Constantine, l'aide noire qui l'a élevée, a été congédié si brutalement.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié. Moins encore la toléreraient. Poussées par une envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins et en grand secret écrire une histoire bouleversante.
"They say it's like true love, good help. You only get one in a lifetime."
Chronique :
Un livre de femmes
L'auteure nous fait découvrir les relations entre les maîtresses de maison (blanches) et leurs aides ménagères (noires) au temps de la ségrégation américaine. Souvent des tensions, parfois de l'affection, de la compassion, voir de la complicité.
Ce sont ces relations officieuses (car respecter, voir aimer une personne d'une autre couleur est mal vu) qui m'ont plues.
On a droit successivement aux différents points de vue de Skeeter, Aibileen et Minny : chacune dans sa propre vie, à essayer de surmonter ses propres problèmes, puis ensemble, à écrire leurs histoires. Cette succession est intéressante (car chacune a son style, son caractère et on se sent plus proches d'elles), et aussi frustrant, car on passe à un autre personnage au moment même où on voudrait avoir son avis sur l'événement ! Grr !
Les personnages
Skeeter a eu l'occasion d'être proche de sa nounou, Constantine : elle a moins de préjugés envers les noirs que ses amies. Elle ne mène pas la vie classique des femmes blanches de son âge, déjà mariées et mères de famille : elle a fait des études, elle cherche à avoir une vie en dehors en étant écrivain ou journaliste. Mais c'est en fréquentant Aibileen et en écrivant leur livre qu'elle va vraiment évoluer (elle voit la vie sous un autre angle que le sien) et chercher sa propre identité, sortir complètement du moule de la bourgeoise blanche qu'elle avait du mal à quitter.
Aibileen et Minny, les deux héroïnes noires, sont très différentes l'une de l'autre. Alors qu'on croit Minny plus brave avec ses façons rentre-dedans et son franc-parler, on se rend vite compte qu'elle est en réalité plus craintive et plus méfiante. Aibileen semble lire dans les gens, elle veut faire le bien (Minny a suffisamment à faire avec sa famille). Elle a rapidement confiance en Skeeter, et une vraie amitié va pouvoir s'installer entre elles deux, malgré leur couleur, et malgré leur différence d'âge.
En écrivant leur livre, toutes trois veulent changer les choses, mais en premier lieu, c'est leur propre regard sur les choses et sur elles-mêmes qui vont changer ! Aibileen se découvre écrivain et plus brave ; Minny se confronte à son mari qui la bat et auquel elle n'arrive pas à tenir tête ; Skeeter va découvrir qui elle est et ce qu'elle veut vraiment !
Le roman nous présente de nombreux personnages : d'un côté les blancs, de l'autre les noirs... ce n'est pas toujours le cas !
C'est le cas en apparence, et pour tous ceux pour qui seules comptent les apparences, en particulier du côté des blancs. Par exemple chez Hilly, la garce de service, fière de sa position sociale, amère et mesquine dès que quelqu'un se met contre elle, et qui est plus crainte qu'appréciée, même dans la communauté blanche de Jackson... Ou encore Elizabeth, la mère indigne, qui a fait des enfants parce que c'est ce que la société attend d'une femme blanche respectable, mais qui serait vraisemblablement mieux sans... (On se demande comment Skeeter a pu être amie avec elles un jour... Peut-être à cause du désintérêt ou du mépris de leur mère respective)
Du côté des noirs, je n'ai relevé que Gretchen, la cousine de Yule May, pour représenter les noirs échaudés, qui ne feront jamais confiance aux blancs, les mettent tous dans le même bateau, comme le font réciproquement les blancs envers les noirs.
De l'autre côté, certains savent se montrer leur respect, leur gratitude les uns envers les autres. Par exemple Lou Ann apprécie le soutien de Louvenia. (elle est particulièrement dévouée, ça aide ;) ) Ou Mrs. Walters ou Miss Célia se sentant seules et appréciant la bonne compagnie de Minny.
J'ai trouvé que Yule May aurait mérité plus d'attention. Mais un roman comme ça ne peut pas contenir trop d'héroïnes, ni bien finir, peu importe à quel point on le souhaite !
Sur la route du changement, les hommes sont mis de côté (ou se mettent sur le côté ?). Les blancs sont dans un monde superficiel, où règnent toujours les apparences, et ils sont satisfaits de la situation (ils ont le pouvoir, alors quoi?), comme William Holbrook et Raleigh Leefolt. (ils sont raccord avec leur femme ceux-là!) ; ou ils sont trop lâches pour chercher qui ils veulent être, comme Stuart Whitworth.
Beaucoup d'hommes noirs espèrent le changement, mais ils ne savent pas comment agir, ou se résignent, comme Leroy, le mari de Minny. Le combat des femmes impressionne d'autant plus !
Les personnages sont bien décrits, on accroche vite à l'histoire. L'ambiance est tendue avec la ségrégation, mais ce n'est que l'arrière-plan. Peut-être que je suis trop facilement touchée par les belles amitiés, mais Aibi, Minny et Skeeter se sont bien trouvées à mon avis !
Lire en V.O. !
J'ai lu en V.O. (anglais ;) et je l'ai trouvé très abordable. Sans dico, on comprend suffisamment ce qu'il se passe.
Bref, je n'ai plus qu'à acheter le DVD maintenant !
Lu pour le Book Club de Livr'addict
Rentre dans le challenge "Des Pavés sur la Plage" !
Je connais ce livre de nom parce qu'on en parle depuis pas mal de temps maintenant sur la blogosphère littéraire...étant donné que je ne suis pas une fan de la culture américaine, pour l'instant, je ne l'ai pas lu, mais maintenant que j'ai découvert Ne Tirez pas sur l'Oiseau Moqueur, pourquoi pas ?
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