Nord et Sud (North and South)
- Elizabeth Gaskell
Synopsis :
Après un long séjour à Londres chez sa tante à Londres, Margareth Hale retourne vivre à Hellstone, dans le Sud de l'Angleterre (paisible, rural et conservateur), avec son père, pasteur, et sa mère, issue d'une bonne famille. Lorsque Mr Hale commence à douter de sa foi, il quitte l'église et la famille part s'installer à Milton dans le Nord (industriel, énergique et âpre). Margareth va devoir s'adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s'éveille à travers les liens qu'elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l'opposent à leur patron, John Thornton.
Chronique :
Après toutes mes lectures de Jane Austen et de Jane Eyre, j'étais un peu en overdose de roman d'amour du début XIXe, alors j'ai mis un peu de temps à lire North and South. Mais je ne suis pas déçue dans l'ensemble.
Margareth Hale a été élevée par la soeur de sa mère, aux côtés de sa cousine Edith à Londres, dans la bonne société. Lorsque sa cousine se marie à un officier en poste en Inde, elle retourne chez ses parents. Mais là, c'est le drame : Mr Hale a des doute sur sa foi et il décide de quitter l'église. Ils doivent alors quitter leur charmante demeure campagnarde de Hellstone pour une grande ville manufacturière du Nord à Milton. En effet, Mr Hale a trouvé grâce à un de ces amis d'Oxford une place de tuteur pour les hommes importants de la ville, qui ne sont pas issus de la bonne société, mais qui cherchent à rattraper leur "retard" intellectuel pour renforcer leur position de patrons.
C'est un coup dur pour Margareth et encore davantage pour Mrs Hale qui ne se fait définitivement pas à cette vie.
De son côté, Margareth se lie d'amitié avec Betty Higgins et sa famille d'ouvriers. Elle se rapproche des problèmes des gens de Milton, telle une dame patronnesse.
Mr Hale trouve sa place dans la communauté. Il est d'ailleurs très ami avec le tenancier des affaires de son ami qui l'a conduit là, Mr Thorton, qui est également l'homme le plus influent et un grand patron des manufactures de la ville.
J'ai plutôt apprécié Margareth. Elle est intelligente et compatissante. Elle est réservée, ce qui la fait paraître froide mais elle a un très bon coeur.
Dans la famille Hale, je demande le père ! Cet homme est dans son monde. Il a de grands principes, et c'est un peu sa perte. Mais il aime terriblement sa femme et ses enfants. Malgré tout il est un peu naïf, rêveur et ne voit pas tout ce qui se passe autour de lui.
La mère, Mrs Hale, est une caricature de la bourgeoise qui regrette son mariage. Elle passe son temps à se plaindre que sa vie ne lui convient pas. Elle aime son mari, mais elle doit déplorer qu'il ne fasse pas mieux de sa vie, for her sake ! Sa femme de chambre Dixon passe aussi son temps à déplorer la situation de sa maîtresse adorée... ça n'aide pas^^
Dans la famille Thornton, les femmes se montent un peu la tête. La mère a dû endosser le rôle de chef de famille et elle ne le cède qu'à regret au profit de son fils, même si elle est très fière de lui : ce n'est pas n'importe qui, il mérite le meilleur. La soeur est capricieuse. Elle devait être trop jeune pour se rappeler la misère dans laquelle ils vivaient auparavant. Elle est complètement superficielle, une bonne nouvelle riche.
John Thornton est celui qui a la tête sur les épaules dans la famille. C'est par son acharnement et son travail qu'ils s'en sont sortis. A part quand il s'agit de Margareth, il est raisonnable et censé. Lui aussi réservé, les choses ne sont pas gagnées entre lui et Miss Hale
Dans les personnages secondaires, j'ai doré Betty Higgins. C'est par son amitié avec elle que Margareth va commencer à se soucier de Milton. Toute la famille Higgins est formidable. Ce sont des gens simples, mais qui ont des principes et bon coeur.
Par contre, j'ai été excédée par la Tante Shaw et la cousine Edith. Des caricatures de femmes riches londoniennes. Elles doivent tout diriger. Margareth est leur chose et elle doit leur passer tous leurs caprices.
Petit arrêt sur le frère de Margareth, Frederick Hale. J'ai regretté qu'il ne fasse pas plus partie de l'histoire...
Histoire d'amour, comme toujours. Mais avec un fond historique intéressant sur les débuts de l'industrialisation en Angleterre. On évoque un peu rapidement combien la vie d'ouvriers était difficile avec la maladie de Betty. J'ai visité Manchester et le musée de la Science et de l'Industrie (MOSI) : si vous y allez, il y a une super démonstration de comment fonctionnaient les machines dans les manufactures de coton. (Ils font fonctionner les machines et ont plein d'anecdotes, c'est super) D'ailleurs, c'est de cette industrie du coton qu'est venu à la ville son surnom "Cottonopolis".
L'histoire autour de Frederick Hale et de sa mutinerie est aussi très forte. Mais j'ai trouvé que son personnage aurait pu être plus présent dans le livre. Car à part qu'il est le fils prodige, j'aurai attendu qu'il s'occupe davantage de Margareth et la rappelle auprès de lui au moment opportun. Ca aurait demandé un peu de travail pour le happy end, mais j'ai l'impression qu'on avait un problème avec les fins à l'époque, encore une fois je trouve l'histoire un peu bâclée : une hécatombe et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants... bof...
J'ai beaucoup aimé le contexte, mais c'est l'écriture du début du XIXe siècle que je commence à trouver superficielle. Je suis trop moderne et féministe pour le rôle de la femme à l'époque qui se démène pour avoir le seul homme qu'elle aimera jamais et ce sera ça sa vie. Le grand amour c'est bien. Mais pour moi ça ne suffit plus à faire une bonne fin.
Lu pour les challenges :
Lu pour la lecture commune de biblimi : voir les autres commentaires des participants ICI !!
J'ai trouvé tout le contexte historique et industriel très bien rendu et Margaret et son père très intéressants. C'est vrai que la place des femmes à cette époque fait crisser des dents pour nous femmes modernes mais j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre.
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