dimanche 29 avril 2012

"Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles"...

Le meilleur des mondes - Aldous Huxley

4ème de couverture :

Bienvenue au Centre d'Incubation et de Conditionnement de Londres-Central. À gauche, les couveuses où l'homme moderne, artificiellement fécondé, attend de rejoindre une société parfaite. À droite : la salle de conditionnement où chaque enfant subit les stimuli qui plus tard feront son bonheur. Tel fœtus sera Alpha - l'élite - tel autre Epsilon - caste inférieure. Miracle technologique : ici commence un monde parfait, biologiquement programmé pour la stabilité éternelle...
La visite est à peine terminée que déjà certains ricanent. Se pourrait-il qu'avant l'avènement de l'État mondial, l'être humain ait été issu d'un père et d'une mère ? Incroyable, dégoûtant... mais vrai. Dans une réserve du Nouveau-Mexique, un homme sauvage a échappé au programme. Bientôt, il devra choisir : intégrer cette nouvelle condition humaine ou persister dans sa démence...

Chronique : 

La paix et la stabilité éternelle tout le monde en rêve ! Dans son meilleur des mondes, Aldous Huxley nous présente une société parfaite basée sur un conditionnement biologique arbitraire qui plonge chaque individu dans un bonheur superficiel. 

Dans un style un peu daté (le roman date de 1977), l'auteur décrit avec beaucoup de vérité les dérives de la science, même si celles-ci se basent sur des intentions louables. L'histoire suit plusieurs personnages qui cherchent leur place dans cette société parfaite.

Bernard est un Alpha, mais son conditionnement physique s'est mal déroulé : il est plus petit que la moyenne et est cruellement rejeté par ses pairs à cause de cela. Lénina se force à répondre aux critères sociaux qui sont de partager ses loisirs avec le maximum d'hommes possibles. Helmholz est un esprit supérieur, c'est un artiste : lui aussi dépasse les limites fixées pour maintenir l'harmonie et la stabilité de l'État mondial. En visitant la réserve de sauvages du Nouveau-Mexique, Bernard et Lénina rencontrent John, un sauvage. Celui-ci est rejeté par les autres sauvages car il est différent : sa mère Lydia est une Béta qui s'est perdue il y a des années lors d'une visite de la réserve. Enceinte, comble du déshonneur pour les gens civilisés, elle n'a pas osé quitter la réserve et ils y ont vécu jusqu'alors, mais Lydia n'a jamais vraiment réussi à s'adapter à cette vie. John quitte la réserve avec Bernard et Lénina pour découvrir la civilisation. Mais ce qu'il y trouve est très différent du paradis que lui avait décrit sa mère.

Tout comme John le Sauvage, nous nous confrontons à l'image idyllique de la société parfaite. Ce livre nous questionne sur ce qu'est justement une société parfaite. En commençant par la citation de Voltaire "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles", Huxley nous avertit que ce que nous allons lire est encore une parodie de meilleur des mondes. 

Parodie ou enfer ? Les individus du meilleur des mondes sont soumis à la dure loi de la conformité : chaque individu qui s'en éloigne est mis de côté, méprisé, voir cruellement traité. Le modèle que nous propose Huxley est issu du fordisme : chaque individu est un rouage de la société. Chacun a sa place et ne doit pas en sortir. Le libre-arbitre est exclu, la censure règne : les individus n'ont à savoir que ce qui va leur servir et surtout servir la société. Ceux-ci sont persuadés d'être heureux car ils ont été conditionnés pour cela. Ils sont conditionnés pour aimer leur travail et pour que leurs loisirs leur apporte un bonheur immédiat. lorsque ce n'est pas le cas et qu'ils se sentent mal malgré tout une bonne dose de soma (=drogue), les met en "congé" : soit dans un état second où ils oublient tous leurs problèmes.

C'est un livre qui m'a beaucoup plu, malgré les atrocités qu'il expose. Ce livre prête vraiment à réflexion sur cette idée de monde parfait. Les personnages ont un caractère bien défini ; il est facile de comprendre leur point de vue, même lorsqu'il diffère considérablement du nôtre. Nous les accompagnons dans leur recherche d'eux-même, de ce qu'ils souhaitent. Les personnages sont tiraillés entre leur envie de faire partie de la société et leurs envies profondes : Bernard, en particulier, est souvent dégoûté de la façon dont il faut agir, il est mal à l'aise en société, or, être solitaire n'est pas acceptable. John est le personnage le plus proche de nous, car en tant que sauvage, il est plus près de notre civilisation actuelle : c'est grâce à lui que nous passons de l'état d'observateur de ce monde parfait à celui d'acteur et que nous nous demandons si nous serions comme lui, mal à l'aise, à part de cette société ou si nous pourrions nous y intégrer.

Huxley cherche à nous choquer et il y réussit parfaitement bien. Serions-nous heureux dans cette société parfaite ? Faut-il vraiment, pour garantir la paix et la stabilité du monde, priver les hommes de liberté et de libre-arbitre, les placer dans une bulle de bonheur superficiel hors de la réalité ? 


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