samedi 28 mars 2015

escale au portugal

La lucidité
(Ensaio sobre a Lucidez)

- José Saramago

Traduction : Geneviève Leibrich

Synopsis :

Panique électorale : à l'heure du dépouillement, 83% des électeurs ont voté blanc. Le chaos s'installe, le gouvernement crie à la conspiration et déclare l'état de siège, le pouvoir se lance dans une chasse aux sorcières et la presse se déchaîne contre les coupables désignés. Seul dans la panique, un commissaire affronte la troublante vérité...

Chronique :

José Saramago a reçu le Prix Nobel de Littérature en 1988. C'est mon premier roman de cet auteur, mon premier roman portugais. J'ai été très impressionnée !



Elections municipales. C'est le déluge, les électeurs ne se déplacent pas... lorsque la pluie s'arrête enfin, c'est l'affluence, mais les résultats sont catastrophiques : plus de 70% de votes blancs ! Il est alors décidé de redonner une chance aux citoyens de la capitale d'accomplir correctement leur devoir civique la semaine suivante : c'est encore pire !! 83% de votes blancs ! Qui est à l'origine de cette conspiration ??

Le gouvernement déclare l'état de siège et fuit la capitale. La population est livrée à elle-même, on redoute le pire : que les "blanchards" s'en prennent aux derniers pourcents qui, eux, ont voté ; que le crime fasse la loi puisque la police a été écartée elle-aussi de la capitale. Mais rien ne se passe.
Il n'y a aucune coalition antidémocratique. Les habitants de la capitale ne sont pas des criminels... alors c'est le gouvernement qui perd les pédales et cherche un coupable à la situation afin de rétablir son autorité.



D'un côté, il y a les habitants de la ville qui ont usé naturellement et sans concertation de leur droit de voter blanc. C'est une capitale idyllique où les gens sont solidaires et à qui il ne vient pas à l'esprit de profiter de la solution de chaos pour rendre les choses encore plus difficiles.
De l'autre, il y a les politiciens et surtout les membres du gouvernement, habitués à leurs jeux de pouvoir, qui voient le mal partout et craignent pour leur poste. Il faut trouver le coupable, et s'il n'y en a pas, ils en désigneront un. Manipulation, services secrets, intimidation, censure... tous les moyens sont bons pour ramener les électeurs sur le droit chemin, LEUR chemin.

Le fameux commissaire apparaît presque à la fin pour enquêter sur la première piste valable qu'a trouvé le gouvernement. D'abord porté par ses principes de policier et son sens du devoir, il va finir par découvrir la manipulation du gouvernement.
Le reste du roman, on suit différents protagonistes : les responsables d'un bureau de vote, le maire de la ville, les ministres... le narrateur observe aussi parfois la ville et ses habitants.



La mise en page et la ponctuation sont atroces. Il faut bien se concentrer pour les dialogues qui ne suivent pas une construction classique, mais sont simplement séparés par des virgules, Lorsque le locuteur change, il y a simplement une majuscule, Comme ceci ?, Oui exactement !
Ce qui nous fait parfois une page ou plus de dialogue sans point ou une mise en page qui change de paragraphe lorsqu'on change de point de vue. Pour faire des pauses dans sa lecture, ce n'est pas simple^^


Aucun nom n'est donné. Les personnages s'appellent le premier ministre, le membre du parti de droit p.d.d. ou le membre du parti de gauche p.d.g, le commissaire, l'agent de seconde classe ou la femme de celui qui a écrit la lettre.
Tout en restant très factuel, le roman pousse la psychologie dans ses retranchements : la masse populaire se laissera-t-elle prendre aux pièges du gouvernement ?

Il semble que toute l'affaire soit liée à une terrible épidémie ayant eu lieu quatre années auparavant (et qui serait l'objet du roman L'aveuglement du même auteur ;) il va falloir que je le lise !) Qui est aveugle ? Qui est lucide ? Comment les choses vont-elles se terminer ?



Ecrit dans un style ironique (et vraiment très critique), comme dans cette petite citation : "Que veulent-ils obtenir en manifestant, les manifs ne servent jamais à rien, sinon nous ne les autoriserions pas", c'est un roman très poignant qui remet en cause le pouvoir (et surtout l'utilisation de ce pouvoir) donné aux élus et qui met en lumière les bons côtés de l'humanité comme la réflexion et la solidarité.




Lu pour les challenges :

Destination : Portugal

jostein : Jérusalem de Gonçalo M. Tavares,
Lynnae : Les filles d'Estoril de Margarida Rebelo Pinto, quelques Contes portugais d'Ana Isabel Sardinha,
Sylly : Le Conte de l'Île Inconnue de José Saramago


5 commentaires:

  1. Ah bah ce roman à l'air bien palpitant :) J'ai pu moi-même gouter au style de Saramago et à sa ponctuation surprenante ^^ Mais j'avoue que je m'y suis vite fait. Par contre je n'ai pas été courageuse au point de me lancer dans un de ses romans qui pourtant me tentait bien ... J'aurais peut-être du ...
    En tout cas, l'intrigue de ce roman là est assez délirante je trouve, il est à la médiathèque, à l'occasion je le prendrais surement :)

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  2. Une escale d'actualité en plus avec le second tour des élections. Cela ne doit pas être évident si les personnages n'ont pas de noms. On reste un peu en dehors dans ce cas.
    Mais cette lecture semble tout de même être une base de réflexion.

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  3. C'est un roman d'actualité dis moi! En tout cas, j'aimerai beaucoup le lire, je suis une grande fan de Saramago! Merci!

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  4. Je ne pense pas que ce roman au style particulier m'aurait plu mais il a l'air malgré tout intéressant.

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  5. Ah, tu me confirme le doute que José Saramago ne fait jamais de saut de lignes pour ce dialogues. Je suis d'accord que c'est complètement déconcertant au début puis, je trouve qu'on finit par s'habituer.

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